Mieux lutter contre l'alcool chez les jeunes
Les comportements dangereux des jeunes vis-à-vis de l'alcool ont changé. Les consommations frénétiques avec recherche rapide d'ivresse sont en nette augmentation. Face à ce phénomène appelé "binge drinking", les autorités sanitaires lancent une nouvelle campagne.
Très répandu dans les pays anglo-saxons, le "binge drinking" correspond à une absorption importante d'alcool en un minimum de temps. Cette recherche d'une ivresse rapide est un phénomène plus récent en France. Mais un phénomène qui a pris une ampleur inquiétante.
Roselyne Bachelot : Nous constatons une évolution rapide, brutale et alarmante des comportements d'addiction parmi les jeunes. Les chiffres sont éloquents : les cas d'hospitalisation liées à l'alcoolisation ont connu une augmentation de 50 % entre 2004 et 2007, pour la tranche de 15 à 24 ans, mais aussi, et c'est beaucoup plus grave encore, pour la tranche d'âge des moins de 15 ans.
Après avoir privilégié les campagnes basées sur la convivialité et le respect des limites à ne pas dépasser, la France s'engage dans la lutte contre l'alcoolisme des jeunes. Une priorité du plan "Santé des jeunes" défendu par la ministre Roselyne Bachelot.
Roselyne Bachelot : Les mineurs sont sous notre responsabilité dans notre politique de prévention. Ce n'est pas une mesure d'interdiction qui s'adresse à l'ensemble de la population. Là, il s'agit bien de mesures qui sont ciblées sur les mineurs. Ils sont sous notre garde, sous notre sauvegarde. Nous sommes comptables de leur santé !
Pour lutter contre le "binge drinking", le ministère de la santé et l'institut national de la prévention et d'éducation à la santé innovent avec un dispositif alliant prévention, soin et répression. Au coeur de cette campagne "boire trop, des sensations trop extrêmes", un spot choc.
Campagne "boire trop, des sensations trop extrêmes"
Mais cette campagne ne se résume pas à des spots télé et radio. D'ici fin 2008, la vente d'alcool sera interdite aux mineurs, tout comme les soirées "open bar" ou la consommation d'alcool sur la voie publique à proximité des établissements scolaires.
Roselyne Bachelot : J'ai décidé d'ouvrir des consultations d'addictologie aux jeunes consommateurs, ce qui n'était pas possible jusque là. Ils pourront mesurer leur degré d'addiction grâce à un certain nombre d'items qui leur sont donnés sur le site "boire-trop". Ainsi, on pourra les accompagner dans cette désaccoutumance de l'alcool.
Un temps évoqué, la fin des "happy hours" ne figure pas au programme. Mais cette campagne a le mérite de prendre enfin en compte d'un phénomène inquiétant. Reste à savoir enfin comment ces mesures d'interdiction vont pouvoir être mises en oeuvre et comment les jeunes vont s'approprier ces messages de prévention.
Sébastien Cuvier et Florence Lemaire - juillet 2008